Les salaires dans le solaire surpassent l’éolien
Travailler dans les énergies renouvelables (EnR), c’est participer à la transition énergétique, mais c’est aussi très rentable. Pour la deuxième année consécutive, GreenUnivers publie son dossier « Salaires dans les EnR », qui compile les salaires bruts annuels négociés ces 12 derniers mois sur 18 postes clés, en partenariat avec le cabinet de recrutement Elatos. Les tendances observées en 2018 se confirment avec des salaires très attractifs, même pour les profils juniors, en raison d’une pénurie de compétences.
Un salaire médian bien supérieur à la moyenne
Le salaire des cadres français a augmenté de 2,4% au premier semestre 2019, poursuivant la hausse observée pour la neuvième année consécutive, selon le baromètre publié début septembre par Expectra, filiale de Randstadt, qui s’appuie sur 87 500 fiches de paie de cadres et agents de maîtrise. Une tendance accentuée par le déséquilibre offre/demande dans le secteur des énergies renouvelables. « Le marché est vraiment très compliqué. Depuis deux ans maintenant, il est vraiment difficile de trouver des CV, les bons profils sont devenus extrêmement rares », observe Julie Deleglise, manager Ressources Humaines chez E.ON Business Solutions France.
Le salaire médian annuel brut négocié par les cadres des EnR en 2019 s’élève à 60 000 €, soit bien au-dessus des 45 793 €, médiane de l’ensemble des cadres français. Un chiffre qui confirme l’attractivité du secteur des EnR, et la tendance à la hausse des rémunérations dans le secteur en raison de difficultés persistantes à recruter. Il traduit également la bonne santé financière des entreprises, qui acceptent de revoir à la hausse les salaires pour attirer les talents, voire les conserver.
Juniors comme seniors en profitent
Ce phénomène bénéficie à tous les profils, même les plus juniors. Avec pas, ou très peu d’expérience, les jeunes diplômés qui intègrent la famille des EnR peuvent parfois négocier des salaires bruts annuels très attrayants, proches des 40 000 €. Des niveaux que l’on ne retrouve que dans les filières les plus rémunératrices. « A la sortie d’école (commerce, ingénieur), nous avions fixé un plafond à 30 000 € annuels bruts, mais nous avons dû le revoir à la hausse car il était presque impossible de recruter à ce niveau-là », confirme Julie Deleglise.
Les profils expérimentés aussi jouent à plein de cette pénurie de talents pour négocier des salaires et conditions de travail améliorés. La chasse de tête reste très intense et les négociations volent parfois très haut, notamment dans l’industrie photovoltaïque : « Nous constatons un glissement des candidats vers la filière solaire avec des recrutements à prix d’or sur certains postes clés. A l’image de ce directeur d’une PME qui a récemment négocié un salaire fixe qui frôle les 200 000 €/an », constate Jens Bicking, PDG du cabinet de recrutement spécialisé Elatos.
Des chiffres qui ne recouvrent que la partie fixe des rémunérations. Or, pour ces postes à responsabilités, le variable est généralement très significatif : « La partie variable est devenue un élément très important de la rémunération. Elle représente entre 10 et 30% pour des chefs de projets et peut osciller entre 50 et 100% pour les profils de direction », confirme Jens Bicking.
L’industrie solaire paye mieux
C’est l’un des enseignements de cette enquête 2019 : le secteur du photovoltaïque est de plus en plus rémunérateur. Alors que les salaires pratiqués y étaient généralement plus faibles que dans l’éolien, la tendance semble s’inverser. « Les salaires pour des postes à responsabilités dans l’énergie solaire tendent vers ceux de l’éolien, voire les surpassent désormais. Un phénomène qui s’explique sans doute par l’attrait considérable des investisseurs pour cette énergie qui lui assure de belles perspectives, mais aussi l’intérêt que les grands groupes, désireux de gagner rapidement des parts de marché, portent aux profils solaires expérimentés », analyse le PDG d’Elatos. Une situation qui peut s’expliquer également par l’augmentation de la taille des entreprises PV et la concentration du secteur. Ainsi les salaires négociés ces 12 derniers mois sur des postes de responsables du développement sont supérieurs dans le photovoltaïque par rapport à l’éolien ou à la méthanisation. Ce n’était pas le cas l’année dernière.
Cette tendance est-elle renforcée par les dernières décisions en matière de politique énergétique ? L’énergie solaire bénéficie en effet d’un soutien politique massif, reconduit lors de la dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie : « Il est délicat de parler d’effet PPE car il y a toujours un temps de décalage entre la décision politique et les recrutements. Pour autant, la stratégie française en matière d’énergie aura certainement un impact, mais pas forcément très notable. En effet, les dynamiques sont désormais à l’œuvre depuis un certain temps, et la PPE ne fait que les confirmer », juge Jens Bicking.
Initialement publié sur GreenUnivers