Benchmark 2024 salaires dans les EnR – GreenUnivers et ELATOS
Salaires 2024 dans les EnR : la hausse se poursuit
Second volet de notre dossier sur les tendances du recrutement et des salaires dans la transition énergétique
Fini l’envolée ? La hausse des salaires connue par le secteur des énergies renouvelables (EnR) ces dernières années, tirée entre autres par la pénurie de profils et l’arrivée de nouveaux acteurs, « se tasse un peu », notamment depuis le début de l’année, constate le PDG d’Elatos, Jens Bicking. Illustration, pour un directeur du développement photovoltaïque, le salaire brut annuel médian en 2024, d’après l’enquête annuelle d’Elatos, est de 80k€ (voir tableau), alors qu’il était de 100 k€ l’an dernier. Et « nous observons moins d’augmentations à deux chiffres », note le dirigeant de ce cabinet de recrutement spécialisé dans l’énergie, l’informatique et l’environnement. Autrement dit, si le contexte reste « inflationniste », ce n’est pas au même niveau que l’année passée. « Nous voyons que les employeurs sont plus prudents par rapport aux rémunérations proposées », considère-t-il.
Stagnation dans l’éolien
Un rééquilibrage, donc, en quelque sorte, semble s’opérer, s’expliquant par de multiples raison. Entre autres, macroéconomiques. Ainsi, dans l’éolien, les acteurs se montrent précautionneux en attendant la clarification de la politique publique. Et les candidats, eux, sont plus difficiles à attirer, en particulier dans la filière terrestre. « Il y a aussi une tendance de la part des acteurs de l’éolien à migrer vers le solaire. C’est valable pour des entreprises comme pour des salariés », relève Jens Bicking. Ainsi, cette filière en mal d’attractivité connaît « une stagnation au niveau des salaires, qui restent à des niveaux assez comparables à ceux de l’année dernière ». Côté photovoltaïque, la création d’emplois reste dynamique et le métier continue d’attirer. Mais là aussi, si les pénuries persistent sur certains profils, elles s’avèrent « moins criantes », ce qui se reflète dans une moindre tension sur les rémunérations.
Autre phénomène, l’ouverture des entreprises des EnR aux personnes venant d’autres secteurs et possédant des compétences transposables – comme les responsables fonciers ou les chefs de projets dans l’immobilier – contribue aussi à freiner la course aux rémunérations. « Ces candidats sont prêts à faire des efforts et accepter une baisse de rémunération pour intégrer un secteur qui a du sens », estime Jens Bicking. D’autant que les entreprises des EnR grandissent et se structurent, ce qui facilite l’intégration en leur sein de ces compétences externes.
Salaires dans les activités multi-EnR
Fourchette de salaire basée sur le fixe annuel brut pour des profils confirmés/seniors (5 ans d’expérience a minima et plus pour des postes de Direction) et sur une moyenne France entière
Poste | Salaire fourchette basse | Salaire fourchette haute | Salaire Médian |
---|---|---|---|
Directeur Général h/f | 70K € | 300K € | 101K € |
Directeur des Opérations EnR h/f | 60K € | 155K € | 80K € |
Directeur Développement EnR h/f | 60K € | 150K € | 88K € |
Directeur technique EnR h/f | 60K € | 185K € | 90K € |
Responsable d’Exploitation ENR h/f | 45K € | 90K € | 50K € |
Responsable développement EnR h/f | 55K € | 120K € | 70K € |
Responsable Foncier ENR h/f | 35K € | 85K € | 55K € |
Chef de Projet Construction ENR h/f | 35K € | 90K € | 68K € |
Chef de projet EnR h/f | 35K € | 75K € | 50K € |
Chargé d’Affaires Foncières ENR h/f | 28K € | 71K € | 50K € |
Gestionnaire d’actifs ENR h/f | 34K € | 95K € | 46K € |
Emergence des « plans de rétention »
D’autres évolutions prennent également de l’ampleur, telle que la composition des rémunérations. En effet, au-delà du salaire fixe assorti d’éléments variables habituels tels que l’intéressement, l’épargne d’entreprise…, « nous voyons émerger de plus en plus de plans de rétention, par le biais de l’entrée de fonds d’investissement qui achètent aujourd’hui non plus seulement des projets mais aussi des sociétés et qui créent des plateformes », affirme Jens Bicking. En clair, le plan de rétention est un outil qui incite les responsables clés à rester plus longtemps dans l’entreprise. « Plus la personne reste, plus elle va bénéficier d’une compensation financière qui peut être considérable pour les postes stratégiques, allant au-delà du niveau de la rémunération annuelle », explique-t-il.
Sous quelle forme ? Celle de bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE) ou de bons de souscription d’actions (BSA), notamment, qui sont des catégories particulières d’options sur titre permettant de prendre les parts d’une entreprise ou d’acquérir des actions à des tarifs préférentiels. Une manière de faire participer à la création de valeur, recherchée par les fonds d’investissement. Et ce ne sont pas uniquement les numéros un ou deux des entreprises qui sont dorénavant concernés, mais aussi des postes en charge de développement de projets, met en avant le PDG d’Elatos.
Salaires dans l’éolien
Fourchette de salaire basée sur le fixe annuel brut pour des profils confirmés/seniors (5 ans d’expérience a minima et plus pour des postes de Direction) et sur une moyenne France entière
Poste | Salaire fourchette basse | Salaire fourchette haute | Salaire Médian |
---|---|---|---|
Responsable d’Exploitation Eolien h/f | 44K € | 67K € | 58K € |
Responsable développement Eolien h/f | 45K € | 85K € | 60K € |
Responsable développement Eolien h/f | 35K € | 90K € | 70K € |
Chef de projet Eolien h/f | 33K € | 70K € | 46K € |
Chargé d’Affaires Foncières Eolien h/f | 33K € | 75K € | 47K € |
Recherche de sens et flexibilité
Plus largement, reste que, si le salaire demeure un élément incontournable pour attirer et garder les talents, d’autres leviers pèsent dans la motivation. L’attractivité vient surtout de la quête du sens, de la flexibilité et des opportunités de développement professionnel, témoigne Céline Blachère, directrice des ressources humaines chez Voltalia. De quoi faire valoir les possibilités d’évolution géographique au sein ce développeur-producteur présent dans vingt pays. La PME Solveo, elle aussi, table sur « le sens », de même que sur davantage « d’équilibre entre vie professionnelle et privée », en plus d’un renforcement des packages de rémunération, pour rivaliser dans la course aux talents, confie Jessy Leroux-Tech, directrice des ressources humaines de Solveo.
C’est sans oublier l’importance que jouent les événements d’équipe, venant s’ajouter à l’exigence du télétravail et d’un style de management plus horizontal que traditionnellement. « Les événements au sein de l’entreprise permettent de créer une ‘famille’ », conclut Jens Bicking. Ce à quoi sont sensibles notamment les nouvelles générations…
Salaires dans le solaire
Fourchette de salaire basée sur le fixe annuel brut pour des profils confirmés/seniors (5 ans d’expérience a minima et plus pour des postes de Direction) et sur une moyenne France entière
Poste | Salaire fourchette basse | Salaire fourchette haute | Salaire Médian |
---|---|---|---|
Directeur Général h/f | 80K € | 230K € | 120K € |
Directeur des Opérations EnR h/f | 60K € | 200K € | 104K € |
Directeur Développement EnR h/f | 65K € | 140K € | 80K € |
Directeur technique EnR h/f | 50K € | 170K € | 75K € |
Directeur Administratif et Financier PV h/f | 75K € | 185K € | 105K € |
Responsable développement PV h/f | 45K € | 100K € | 70K € |
Responsable Construction PV h/f | 45K € | 100K € | 60K € |
Responsable BE PV h/f | 42K € | 100K € | 66K € |
Responsable Foncier PV h/f | 40K € | 90K € | 53K € |
Chef de Projet Construction PV h/f | 48K € | 70K € | 50K € |
Chef de projet PV h/f | 34K € | 65K € | 46K € |
Ingénieur BE PV h/f | 40K € | 75K € | 47K € |
Chargé d’Affaires Foncières PV h/f | 35K € | 85K € | 48K € |
Juniors : le salaire n’est pas tout !
Pour nombre de jeunes professionnels de la transition énergétique, la rémunération est un élément « important mais pas capital » : c’est ce qui ressort d’une enquête qui vient d’être réalisée à titre indicatif par GreenUnivers auprès d’une trentaine d’adhérents du club des jeunes professionnels de la transition énergétique Etyc. Ils sont en effet plus de 58,3% parmi les sondés à la considérer comme telle, devant 38,9% pour qui la rémunération est un élément déterminant dans leur motivation. Le salaire fixe se place devant les parts variables telles que les primes et les bonus, de même que devant les avantages annexes tels l’intéressement, devançant, en outre, les plans d’actionnariat salarié.
En tête des motivations, la quête de sens écologique, qualifiée de « très importante », est talonnée par le fait que la transition énergétique soit un secteur d’avenir, de même que par les valeurs portées par l’entreprise. Outre la dynamique du secteur et un salaire avantageux, les conditions de travail, les perspectives d’évolution, les opportunités à l’international ou le management sont eux aussi mentionnés en tant qu’« importants ». Leurs attentes en matière de gestion de carrière ? La formation est la réponse des 63,9% répondants, devant « changer de poste régulièrement » (16,7%) ou même la perspective internationale (13,9%). A plus de 38%, ils se voient d’ailleurs dans cinq ans dans une autre entreprise du secteur, quand un tiers se projettent dans la même société. Enfin, la qualité de vie au travail et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle passent par l’esprit d’équipe (41,7%), le télétravail partiel (27,8%) et le temps de transport (16,7%), notamment.
Les répondants au questionnaire sont âgés pour la plupart entre 24 et 28 ans (19% ont 26 ans), sont en poste chez un développeur/producteur d’énergie (38,9%), un fonds d’investissement (16,7%) ; d’autres travaillent au sein d’un conseil financier ou technique ou un fournisseur d’équipements.
Source : GreenUnivers -26 septembre 2024